Et si, au travail, la santé ne devait pas seulement se traiter quand elle vacille, mais se cultiver au quotidien ? C’est le pari qu’a fait BNP Paribas en lançant WeCare, un programme mondial destiné à promouvoir le bien-être et la prévention santé auprès de ses collaborateurs.
Dans un contexte post-COVID où les attentes vis-à-vis de l’employeur ont évolué, la banque a voulu aller plus loin que les dispositifs classiques. Comment ? En proposant à ses équipes un bilan de santé préventif. L’idée : offrir à chacun une prise de conscience individuelle, tout en recueillant des données collectives pour mieux cibler les actions de prévention.
Un projet d’envergure qui a soulevé autant d’adhésions que de questions. Isabelle Moirez, Global Human Resource chez BNP Paribas et directrice du programme WeCare, revient sur cette initiative qui bouscule les habitudes… et les mentalités.
Un double pari : éveiller les consciences individuelles et outiller les RH
À la sortie de la crise sanitaire, une conviction s’est imposée au sein de BNP Paribas : les collaborateurs attendent plus qu’une réponse ponctuelle aux enjeux de santé. Ils souhaitent des engagements clairs, visibles et durables.
C’est dans cet esprit qu’est né le programme WeCare. Lancé fin 2022, il rassemble sous une même bannière toutes les actions du groupe en matière de santé et de bien-être. Son objectif ? Structurer une offre lisible pour les salariés, favoriser la prévention et donner aux équipes RH des leviers concrets pour agir.
Deux priorités ont été fixées à l’échelle mondiale :
👉 la santé mentale, devenue centrale après le choc du COVID ;
👉 la lutte contre la sédentarité, un enjeu de fond pour des métiers souvent marqués par le travail de bureau.
Isabelle Moirez, directrice du programme, résume sa philosophie : « Nous avons voulu créer un cadre commun qui donne une direction globale, tout en laissant aux pays la liberté d’adapter ou d’enrichir selon leurs propres problématiques. »
Avec le lancement de WeCare, la direction RH de BNP Paribas s’est fixé un objectif : aller au-delà des priorités générales pour mieux comprendre les besoins réels des collaborateurs. « Même avec des priorités globales établies, il nous manquait une compréhension fine des problématiques concrètes rencontrées par nos collaborateurs. Nous devions mieux cerner où concentrer nos efforts et quelles actions spécifiques déployer », précise Isabelle Moirez.
La solution retenue : un bilan santé accessible à tous, proposé à l’ensemble 55 000 collaborateurs français dans un premier temps. « L’idée n’était pas d’imposer une démarche, mais d’ouvrir une porte à ceux qui souhaitent s’engager dans un suivi de leur santé », souligne Isabelle Moirez.
Un dispositif pensé pour être simple, pédagogique… et rassurant
Le bilan de santé devait répondre à plusieurs impératifs : être accessible à un grand nombre, offrir une expérience fluide et surtout, rassurer les collaborateurs quant à l’usage de leurs données de santé.
Les collaborateurs sont invités à suivre un parcours d’une quinzaine de minutes, abordant plusieurs dimensions clés de la santé : sommeil, activité physique, gestion du stress, consommation d’alcool et de tabac et antécédents médicaux. Chaque étape est conçue pour être à la fois informative et responsabilisante. Des conseils pratiques sont proposés en fonction des réponses, afin d’encourager des améliorations du mode de vie, sans jugement ni injonction. À la fin, le collaborateur reçoit un résumé pédagogique des éventuels points de vigilance, avec la possibilité de demander un entretien avec un professionnel de santé.
Mais au-delà de l’outil, l’équipe RH a dû relever un défi clé : accompagner le changement culturel. Car proposer un dispositif de prévention santé, c’est aussi accepter de se confronter à certaines résistances. « Nous avons constaté une prudence, parfois même une méfiance », observe Isabelle Moirez.
Certains collaborateurs ont exprimé leur crainte de partager des données personnelles, malgré les garanties d’anonymat. D’autres ont hésité à s’engager dans le processus. Enfin, quelques-uns se sont demandé pourquoi l’entreprise se préoccupait soudainement de leur santé, y voyant potentiellement une démarche intéressée.
Ces réactions traduisent un double enjeu :
👉 Un besoin de pédagogie et de réassurance, pour expliquer le sens de la démarche et lever les inquiétudes légitimes sur la confidentialité.
👉 Une habitude culturelle à construire, car pour beaucoup, la prévention santé en entreprise reste une nouveauté.
Le taux de participation, plus faible qu’espéré, en est un reflet. Mais pour Isabelle Moirez, il ne doit pas être interprété comme un échec : « C’est la première fois que nous proposons une telle démarche à grande échelle. Il faut du temps pour qu’une nouvelle habitude s’installe. »
Et chez Kor ?
Chez Kor, nous constatons que la participation varie fortement selon le contexte et l'accompagnement proposé.
En moyenne, elle se situe entre 20 % et 30 % pour les grandes entreprises, et peut atteindre 50 à 70 % lorsqu'une stratégie de communication dédiée est mise en place (webinaire de lancement avec un médecin, supports pédagogiques, relais internes, etc.).
Changer les mentalités demande du temps (et de la constance)
Pour Isabelle Moirez, le principal enseignement de cette première campagne est clair : faire évoluer les pratiques de santé au travail demande du temps, de la pédagogie et de la constance.
Le taux d’adhésion au bilan de santé témoigne surtout d’une réalité culturelle : beaucoup de collaborateurs ne sont pas encore familiers de la prévention santé comme démarche proactive. « Certains ont besoin d’être rassurés, d’autres ont simplement du mal à franchir le pas. Mais ce que nous voyons déjà, c’est que la simple existence du programme WeCare est perçue positivement. C’est un signal fort que l’entreprise prend en compte leur bien-être », note Isabelle Moirez.
Le chemin est donc tracé. Les prochaines étapes ?
👉 Créer l’habitude : encourager les collaborateurs à renouveler le questionnaire chaque année, pour qu’il devienne un réflexe de suivi personnel.
👉 Mieux cibler les actions collectives : utiliser les données anonymisées pour ajuster les campagnes de prévention, au-delà des grands thèmes génériques. Comprendre, par exemple, si le stress est lié à la charge de travail, au manque de reconnaissance ou à d’autres facteurs spécifiques.
L’enjeu n’est pas seulement de proposer un dispositif, mais de bâtir une véritable culture santé, où chaque collaborateur se sent acteur de sa santé, soutenu mais jamais contraint.
« Prendre soin de la santé commence par la prévention. Et prendre soin de ses employés, c’est prendre soin durablement de la performance collective », conclut Isabelle Moirez. Le bilan de santé digital de BNP Paribas n’est pas qu’un outil : c’est un signal. Un signal adressé aux collaborateurs que leur bien-être compte. Un signal adressé aux équipes RH que la prévention ne peut plus être une option. Et un apprentissage collectif : instaurer une culture santé ne se fait pas en un jour. Cela demande de la pédagogie, de la transparence et surtout… De la patience.
Et vous, où en est votre culture santé ?
Comme BNP Paribas, de nombreuses entreprises s’interrogent : comment aller au-delà des dispositifs ponctuels pour bâtir une culture santé durable ?
Chez Kor, nous accompagnons les organisations qui veulent faire de la santé préventive un levier concret d’engagement et de performance.
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